La France, depuis longtemps, demeure une terre d’accueil pour de nombreux talents venus de l’ailleurs. Parmi eux, les Roumains — porteurs d’une riche culture, souvent bien formés et profondément désireux de saisir des opportunités — témoignent de trajectoires individuelles fortes, souvent balisées de défis, d’adaptation et de dépassement. Cet article recueille plusieurs témoignages (réels ou représentatifs) de Roumains ayant construit leur vie professionnelle en France, afin de dégager les clés de leur réussite et d’inspirer ceux qui envisagent ce chemin.
Contexte : la diaspora roumaine et les défis migratoires
Avant d’entrer dans les récits personnels, quelques éléments de contexte sont utiles :
- Selon une étude de l’OCDE, parmi les Roumains résidant dans les pays de l’OCDE, environ 35 % avaient un niveau d’études tertiaire (enseignement supérieur) dans les pays comme la France et le Royaume-Uni. OECD
- La libre circulation au sein de l’Union européenne a permis à beaucoup de citoyens roumains de s’installer en France dans le cadre de la mobilité européenne, mais cela ne garantit pas automatiquement une intégration professionnelle facile. Certaines barrières – linguistiques, administratives, reconnaissance des diplômes, réseaux locaux — demeurent bien réelles.
- Les récits individuels permettent de rendre compte du tissu humain derrière les chiffres. Le chemin n’est pas linéaire, mais il est souvent jalonné de choix stratégiques, de persévérance et d’adaptabilité.
Portraits et témoignages
Voici quelques parcours inspirants de Roumains ayant réussi à bâtir leur vie professionnelle en France. Certains témoignages sont des récits directs, d’autres sont des synthèses de plusieurs témoignages repérés dans des médias ou des plateformes de récits de migrants.
1. « De la Roumanie à un grand cabinet d’ingénierie à Paris »
« Quand je suis arrivé à Paris, je ne parlais presque pas français. J’avais un diplôme en génie mécanique de Cluj. »
Après des débuts modestes — petit boulot intérimaire, cours intensifs de français — ce candidat a pris le parti d’accepter un stage non rémunéré dans un bureau d’études pour acquérir de l’expérience locale. Grâce à ce pied-à-terre, il a pu nouer des contacts, démontrer ses compétences techniques, et progressivement intégrer des projets de plus en plus ambitieux. Aujourd’hui, il occupe un poste d’ingénieur senior pour un groupe international dans l’Île-de-France.
Ce genre de stratégie (accepter un poste peu valorisé au début pour se faire connaître localement) revient souvent dans les récits de mobilité professionnelle.
2. « Enseigner la langue, construire des ponts culturels »
Un autre témoignage concerne une personne formée en lettres et en langues à Bucarest. En arrivant en France, elle s’oriente d’abord vers l’enseignement du roumain ou l’animation culturelle pour la communauté roumaine locale. Grâce à ces activités, elle développe un réseau, acquiert de la visibilité, puis finit par devenir interprète-trice, traductrice ou coordonnatrice de projets culturels franco-roumains. Ce parcours illustre la valeur d’utiliser ses compétences linguistiques et culturelles comme tremplin.
3. « De la technologie à la start-up parisienne »
Un jeune ingénieur en informatique quitte la Roumanie pour venir à Paris avec l’espoir d’intégrer l’écosystème des start-ups. Il commence par travailler dans une petite structure de services informatiques, participe à des hackathons, se lie avec des porteurs de projets, et finalement cofonde une jeune pousse technologique avec des associés français. Désormais, sa start-up sert des clients en France et en Roumanie, jouant sur le pont culturel et technique entre les deux pays.
4. Parcours marquant : l’exemple d’un “apprenti” primé
Un fait marquant : un adolescent roumain, arrivé en France dans une situation difficile, a remporté le titre de “meilleur apprenti” dans sa discipline. Ce type de réussite, lorsqu’il est médiatisé, montre combien l’excellence technique, le sérieux et la maîtrise du métier peuvent surprendre et ouvrir des portes, même pour quelqu’un arrivé dans des conditions fragiles. France 24
Les principaux obstacles et les leviers de réussite
À travers ces témoignages, on peut identifier des obstacles récurrents et, parallèlement, les leviers qui les ont permis d’être dépassés.
Obstacles fréquents | Leviers ou solutions utilisées |
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Maîtrise insuffisante du français (ou du registre professionnel) | Suivre des cours intensifs, s’immerger via le travail de terrain, accepter des petits jobs pour “mettre les pieds à l’étrier” |
Reconnaissance des diplômes ou compétences acquises à l’étranger | Passer des équivalences, capitaliser sur des expériences concrètes (stages, projets) pour prouver la valeur |
Manque de réseau local | Participer à des associations franco-roumaines, salons, événements culturels ou professionnels, chercher des mentors |
Préjugés ou stéréotypes | Adopter une posture de travailleur rigoureux, se différencier par la qualité, la spécialisation ou l’expertise de niche |
Aspects administratifs, autorisations de travail | Bien se renseigner à l’avance, recourir à des avocats ou associations d’accompagnement, anticiper les délais |
Un trait commun dans ces réussites est la flexibilité : accepter des postes modestes au départ, apprendre “sur le terrain”, s’adapter aux attentes du marché local, et faire preuve de persévérance.
Conseils pour les futurs candidats roumains ou migrants
Sur la base de ces témoignages, voici quelques recommandations concrètes pour ceux qui envisagent de venir en France et d’y réussir professionnellement :
- Apprendre le français — et le français professionnel
Avant ou dès l’arrivée, investir dans des cours intensifs, en prenant appui sur des plateformes ou des structures locales (C.F.A., associations, écoles de langue). Le niveau de langue (oral, écrit) est souvent un levier décisif. - Faire un travail “d’ancrage” local
Même un poste peu valorisé ou un job temporaire peut servir de tremplin pour faire ses preuves, créer des références en France, et gagner la confiance d’employeurs locaux. - Valoriser l’expérience internationale et la double culture
Le fait d’avoir grandi dans un contexte roumain, de maîtriser le roumain et le français, et de pouvoir naviguer dans les deux systèmes professionnels est une force — à condition de le traduire clairement dans un CV ou une lettre de motivation. - S’investir dans des réseaux, des associations, des rencontres pro
La mobilité ne se construit pas seule : chercher des mentors, participer à des événements (salons, forums, associations franco-roumaines), se faire connaître dans la communauté professionnelle française. - Être patient mais tenace
Le chemin est rarement linéaire. Il faudra parfois accepter des reculs, des détours, des périodes incertaines, mais garder l’objectif en ligne de mire. - Se spécialiser, trouver une niche
Dans des secteurs saturés, se distinguer par une expertise (informatique, data, ingénierie spécialisée, traduction juridique, etc.) peut s’avérer déterminant. - Se renseigner sur les démarches légales
Avant le départ : visas, reconnaissance de diplôme, conditions d’installation. Après l’arrivée : comprendre les droits du travail, les conventions collectives, les possibilités de formation continue.
En conclusion
Les témoignages de Roumains ayant réussi leur vie professionnelle en France nous enseignent plusieurs leçons : la force de la résilience, l’importance du réseau, le rôle du temps, et la capacité à transformer des différences culturelles en atouts compétitifs. Ces récits ne sont pas des récits d’exception isolés, mais des éclats d’un chemin possible — qui mêle défi, adaptation et ambition.